Les coups de soleil à cloque, avant l’âge adulte, sont un facteur majeur de risque de mélanome
Nous nous doutons tous que les coups de soleil peuvent augmenter le risque de cancer de la peau. Une étude datant de 2014, menée conjointement par l’université américaine Brown et l’hôpital de Rhode Island sur une population de 109000 infirmières de type caucasien, confirme les méfaits de l’abus de soleil en pointant particulièrement les risques engendrés par les coups de soleil subis durant l’enfance et l’adolescence.
D’après cette étude il suffit de cinq coups de soleil avec cloques contractés avant l’age de 20 ans pour voir augmenter de 80% le risque de développer un mélanome. Rappelons que le mélanome est le cancer de la peau le plus agressif et que si il n’est pas pris à temps il peut s’avérer mortel.
Concernant les autres formes de cancer de la peau, le risque de développer un carcinome basocellulaire ou un carcinome spinocellulaire, cancers moins agressifs, est augmenté de 68%.
Le professeur Abrar Qureshi, qui a piloté cette étude, précise:
« Dans la population que nous avons suivie, notre étude suggère que les expositions au soleil tout au long de la vie augmentent le risque des cancers de la peau autre que le mélanome, le risque de mélanome étant lui principalement associée à l’exposition au soleil avant l’age de 20 ans. »
Les participants à l’étude ayant été exposés à de hauts niveaux de rayonnement UV à l’âge adulte n’encourent donc pas de risque accru de mélanome, par contre ils seraient plus susceptibles de développer d’autres formes de cancer de la peau.
D’après le professeur Qureshi : «Le risque pour un individu de développer un cancer de la peau dépend de deux facteurs principaux, les facteurs de risque cliniques et génétiques qui sont spécifiques à chaque individu et les facteurs de risque comportementaux. Les personnes à risque clinique élevé – telles les personnes à peau claire ou celles ayant un grand nombre de grains de beauté – devraient faire attention à ne pas s’infliger une exposition excessive aux UV, surtout avant l’age de 20 ans ».
L’étude, effectuée aux États-Unis, a suivi une population d’infirmières répartie dans 14 états différents et âgée au démarrage de 25 à 42 ans.
Lors de l’inscription, les participantes ont du répondre à un questionnaire sur leurs antécédents médicaux, leurs facteurs de risque de cancer de la peau (nombre de grains de beauté, nombre de coups de soleil avec cloques subis avant l’age de 20 ans), et leurs antécédents familiaux de mélanome.
Le suivi de l’étude a été effectué tous les deux ans pendant environ 20 ans. Les participantes ont aussi été questionnées sur un certain nombre de critères supplémentaires comme l’utilisation de cabines UV, le tabagisme, les habitudes de consommation d’alcool ainsi que l’évolution de l’indice de masse corporelle.
Enfin les chercheurs ont pris en compte le temps passé dans les différentes régions des États-Unis afin de regrouper chaque individu dans trois catégories d’exposition aux UV: faible, moyenne et élevée.
Sur l’ensemble de la population suivie, 24% ont déclaré avoir subi des coups de soleil avec cloques à l’age de l’enfance ou de l’adolescence, 10% en ayant subi plus de cinq. D’autre part 24% des participantes ont déclaré utiliser des cabines UV.
Au cours de l’étude, 6955 carcinomes basocellulaires, 880 carcinomes épidermoïdes, et 779 mélanomes ont été diagnostiqués. Parmi les participant atteints de mélanome, 445 étaient à un stade relativement avancé avec un risque de propagation.
Le professeur Qureshi a constaté une forte corrélation entre l’exposition aux UV et le risque de carcinome spinocellulaire et de carcinome basocellulaire, cette corrélation n’ayant pas été observée pour le mélanome.
Par contre les participants ayant eu au moins cinq coups de soleil cloqués avant l’âge de 20 ans avaient une probabilité accrue de développer l’un des trois types de cancers de la peau, le risque maximum concernant le mélanome.
«Les parents devraient être avertis des risques d’une exposition précoce au soleil pour leurs enfants. Ceux-ci verraient ainsi diminuer la probabilité de développer un mélanome dans le futur » a déclaré le Pr Qureshi.
«Les personnes âgées devraient également être prudentes dans leur exposition solaire, un abus de celle-ci augmentant le risque général de cancer de la peau. »
Espérons que ces conseils seront suivis d’effets.
Source: Cancer Epidemiology, Biomarkers & Prevention May 2014 doi: 10.1158/1055-9965.EPI-13-0821